dimanche 1 mars 2009


La banalisation de la violence

La violence fait partie intégrante de l´histoire de l´humanité. Violences guerrières, ethniques, religieuses et sociales jalonnent sa route. La pulsion de violence est le bras armé de l´instinct primitif de survie enfoui au plus profond de chacun de nous. Le rôle de la société est de protéger et d´éduquer le citoyen afin qu´il ne recourre jamais à la violence pour régler ses différends avec autrui. A la différence des premiers hommes qui livrés à eux-mêmes dans un environnement souvent hostile n´avaient d´autre choix que tuer pour ne pas être tués.

La violence naît de la peur d´être soumis par autrui et est la réponse primitive pour établir une domination de fait affranchie de toute logique rationnelle qui s´appelle la raison du plus fort. La violence peut-être verbale quand il reste encore de l´espace pour la négociation, mais le dominant passera à la violence physique dès que ses arguments seront battus en brèche par le plus faible. La raison d´État est un exemple d´argument d´autorité qui supère toute argument rationnel et peut légitimer l´usage de la violence policière ou guerrière.

Comme l´avait bien anticipé Kubrick dans "Orange Mécanique", la violence à l´intérieur de la société a atteint ces dernières années un niveau insupportable. La seule réponse actuelle proposées par les politiques au pouvoir est une dérive sécuritaire prônant une tolérance zéro qui affecte négativement l´ensemble de la société, engorge les tribunaux et surpeuple les prisons. Pour faire simple et spectaculaire, on élimine les fruits pourris de l´arbre mais on ne cherche pas à comprendre quels sont les vecteurs de la maladie et comment les éradiquer. Pourtant des études sociologiques documentées sur le terrain et validées dans le temps démontrent sans appel que les politiques sécuritaires n´ont aucun effet durable sur la délinquance alors que la réduction des inégalités sociales les plus criantes peut la faire baisser dans des proportions considérables et de manière durable.

Les inégalités sociales favorisent la pérennisation des ghettos urbains où les bandes et les gangs fleurissent au dessus des lois en s'inventant leurs propres langages et codes de conduite. Grâce au deal de drogues ils s'introduisent dans les autres couches de la société où ils propagent leurs "valeurs" chez les adolescents en mal d'identité. Jouer les gros bras dans la cour du lycée va très bien aux adeptes du combat sur Playstation, nourris de films de violence dés le plus jeune âge. La frontière entre le virtuel et le réel peut malheureusement disparaître après l'ingestion explosive pour les neurones d'un cocktail de drogue et d'alcool. Le "Je vais te tuer" dans ces moments là peut passer à l'acte.

Quelle est donc cette société où la dictature du box-office impose des films sans cesse plus sanguinolents et des jeux vidéo d'un réalisme sidérant enseignant mille et une façons de tuer? La logique du profit une fois de plus impose, face à l'absentéisme des parents, une dénégation des valeurs morales en stimulant les instincts les plus primitifs de l'homme. Est ce que le spectacle des guerres et meurtres divers que nous distillent les actualités ne suffisent pas?

Comment peut-on être surpris par certains actes de barbarie que nous révèlent les informations face à une telle banalisation audiovisuelle de la violence ?

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