dimanche 1 mars 2009


Le miroir brisé ...

L'évolution morale de l'homme n'est pas linéaire au cours de sa vie. Il peut exister des progressions lentes comme le bon vin, des prédispositions innées ou héritées, des régressions, des échecs ou une stabilité dans le médiocre.

Dès l'âge de raison, les modèles sociaux dominants véhiculés entre autres par les séries télévisées destinées aux adolescents mettent en échec le libre arbitre, la liberté de penser de manière autonome. L'importance du paraître est mise en exergue et favorise plus un mimétisme de groupe avec des modéles médiatisés que la construction d'une individualité unique basée sur des valeurs morales choisies et assumées.

La notion du bien est concurrencée en permanence par la notion de résultat dans une société basée sur la compétitivité et dont l'étalon de mesure est la réussite sociale. La taille de la voiture, de la maison, le nombre d'amis, les destinations et fréquences des vacances, l'habillement, les hobbies sont devenus les mesures de la réussite d'une vie.

Les choix d' études ou de carrière se font de moins en moins par vocation ou pour être utile à la société, mais en fonction du gain financier ou de la sécurité escomptée. L'explosion du nombre d'écoles de commerce ou le refuge dans la fonction publique en est un des témoins. La motivation primaire est de ne pas devenir un perdant dans une société où les bons sentiments ne font pas bon ménage avec les exigences de résultat.

Dans le couple, ces notions de résultat s'expriment en potentiel de bonheur immédiat et peuvent prendre le pas sur l'amour, la stabilité et le devoir. Au bout d'une dizaine d'années les couples se lassent et s'éloignent sans réellement évaluer le préjudice psychologique infligé aux enfants.

Le jour où la discorde, le chômage ou la maladie s'ajoutera à la lassitude le nid familial explosera moyennant une pension alimentaire que l'homme pourra oublier de payer parfois face au chantage de la remplaçante. L'éconduite devra jongler entre les enfants, sa subsistance et son équilibre psychique. Elle ne cherchera plus alors le reflet narcissique d'elle-même comme la première fois mais de préférence l'amour tranquille d'un père de substitution à la fois pour elle et pour ses enfants.

Les enfants réutiliseront les modèles de leur vécu. L'explosion des divorces le montre bien. Le couple est aujourd'hui accepté socialement comme une entité potentiellement transitoire qui peut exploser à tout instant et avaliser sans scrupule les dommages potentiels causés aux enfants victimes de l'inconstance des parents. On n'essaye plus de réparer ce qui est usé, on préfére jeter ce qui ne correspond plus à l'illusion du bonheur escompté.

Les miroirs ne sont plus utilisés pour vérifier l'état de son âme mais servent seulement à polir l'image narcissique de soi que l'on désire projeter à la face du monde. Comme l'a si bien dit Cocteau: Les miroirs devraient réfléchir un peu plus avant de renvoyer les images.

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